La compétence comme langage commun entre les 3 grands acteurs de la formation en enseignement supérieur

La formation en enseignement supérieur, pourquoi faire ?

Il est amusant de poser cette question volontairement provocatrice aux acteurs d’une institution d’enseignement supérieur. Les réactions sont généralement différentes suivant les publics.

J’aime bien démarrer certains de mes enseignements en interrogeant les étudiants avec des questions du style : « Pourquoi allez en cours ? », « Pourquoi êtes-vous devant moi maintenant ? » ou encore « Un diplôme, pourquoi faire ? » ou « Un diplôme, bravo, mais après ? ». Après un moment où ils peuvent un peu déstabilisés, les étudiants construisent assez rapidement leur réponse autour de l’intérêt d’un diplôme pour faciliter leur insertion professionnelle.

Par contre, les réactions peuvent être plus vives lorsque des questions du type « A quoi sert votre formation ? », « A quoi destine votre formation, concrètement ? » sont posées à des équipes enseignantes. Certains acteurs de formations professionnelles sont parfois plus à l’aise et répondent également la facilitation de l’insertion professionnelle.

Même si les débats sont vifs, les établissements d’enseignement supérieur se voient de plus en plus confiés la mission d’insertion professionnelle de leurs diplômés.

Les 3 grands acteurs de la formation en enseignement supérieur

En 2013, avec ma collaboratrice chargée de mission pour l’aide au pilotage des dispositifs d’orientation, de réorientation et d’accompagnement professionnel au sein d’une université française, nous avons essayé de modéliser les grands acteurs concernés par la formation, ainsi que leurs besoins et leurs attentes. Nous avions retenu le schéma suivant

Les 3 grands acteurs de la formation en enseignement supérieur

Nous identifions :

1. L’étudiant, au sens large :

  • Qui : candidat à la formation, il peut être lycéen, déjà étudiant, salarié, demandeur d’emploi, retraité
  • Pourquoi : il souhaite réaliser son projet personnel ou professionnel par la poursuite d’étude (formation initiale) ou en reprise (formation continue) ; il vise une qualification ou une certification (formation reconnue, un diplôme) afin de se spécialiser ou se reconvertir ou valider ses acquis professionnels (VAE). Il vient de lui-même ou via un prescripteur
  • Quoi : il vise des compétences par rapport à celles qu’il possèdent déjà

2. Le monde scientifique et socio-économique

  • Qui : entreprise publique ou privée, association, institut et laboratoire de recherche, université qui va accueillir voire intégrer l’étudiant ou le diplômé
  • Pourquoi : ces organisation sont en attente de réponse à une problématique ponctuelle par la réalisation d’une étude ou d’une prestation en utilisation les compétences d’étudiants en stage, en projet de fin d’étude ou en doctorat. Ces organisations sont besoin d’acquérir des compétences de plus pérenne en interne par l’embauche de diplômés ou par des contrats de travail particuliers favorisant l’alternance « période en école » et « période en entreprise » sur des postes, dans des métiers identifiés ou en devenir
  • Quoi : l’organisation attend des compétences nécessaires pour résoudre ses problématiques ponctuelles ou plus pérennes liées à ses activités économiques, scientifiques, humaines et sociétales.

3. L’Université

  • Qui : les établissements d’enseignement supérieur dans son ensemble soit les universités, les instituts supérieurs, les écoles d’ingénieur, les grandes écoles, les facultés, etc.
  • Pourquoi : l’Université cherche à répondre à la fois aux compétences visées par l’étudiant et attendues par le monde scientifique et socio-économiques, tout en garantissant l’intégration des derniers travaux de recherche et le développement de  l’autonomie et de l’esprit critique des étudiants. L’Université apporte ces compétences via des cursus pédagogiques adaptés (aux étudiants, au monde scientifique et socio-économique), via des  passerelles de formation, via des  possibilités de poursuite d’études dont en école doctorale (quelles sont les compétences nécessaires pour faire un doctorat ?) et via des débouchés professionnels identifiés
  • Quoi : l’Université « offre » des compétences à travers ses formations et garantie les acquis d ‘apprentissage à travers la délivrance de crédits universitaires, de certification et de diplômes.

La compétence comme outil de pilotage des formations ?

Ce schéma offre la lecture de la compétence comme élément de langage commun entre l’étudiant, l’université et le monde scientifique et socio-économique.

C’est la voie empruntée :

  • par les acteurs de l’approche par compétence pour favoriser l’adéquation formation/emploi  (création/révision de curricula ; élaboration d’enseignement par pédagogique active)
  • par les acteurs en charge de la qualité des formations
  • par les créateurs de la réforme dite LMD notamment par la mise en place et la validation des crédits universitaires permettant la reconnaissance de parcours de formation et la qualité des diplômes.