Plan stratégique et projet d’établissement – 2 – Parties prenantes

Parties prenantes : kézako ?

Que ça soit pour questionner la stratégie d’une organisation ou la qualité de son organisation et des services rendus, il est nécessaire d’identifier ses différentes parties prenantes. Mais qui signifie le terme « parties prenantes », en particulier dans un contexte d’enseignement supérieur et de formation professionnelle ?

Le Réseau des acteurs du développement durable Comité 21 http://www.comite21.org/ explique qu’il n’existe pas de consensus sur la définition d’une partie prenante. Une définition générique, tirée de la norme AA1000SES est la suivante :

« les parties prenantes (« Stakeholders ») sont les individus, les groupes d’individus ou les organisations qui ont un impact sur les activités, les produits et les services d’une organisation, et/ou qui peuvent être affectés par elles ».

Cette définition insiste sur l’influence réciproque de l’entreprise et des parties prenantes, contrairement à celle retenue par l’ISO 26000, plus sibylline et littérale : « individu ou groupe ayant un intérêt dans les décisions ou activités d’une organisation ».

Pour une entreprise, les parties prenantes regroupent donc l’ensemble de ceux qui participent à sa vie économique (salariés, clients, fournisseurs, actionnaires/financeurs), à son organisation (décideurs, syndicats, pouvoir public) et à son image (ONG, société civile, collectivité locale, média).

Les parties prenantes sont généralement classées en groupes catégories

  • Parties prenantes internes : Équipe de direction / Décideurs ; Salariés ; Syndicats ; Actionnaires (propriétaires)
  • Parties prenantes externes : Clients ; Fournisseurs / sous-traitants ; État / Collectivités / Mission économique (chambre de commerce et d’industrie) ; ONG / Associations / Communautés locales ; Banques / Intermédiaires de financement ; Compagnie d’assurance ; Investisseurs

Quelles sont les parties prenantes d’une Institution d’Enseignement Supérieur ?

S’il est facile d’identifier les salariés d’une IES, il peut être plus complexe de formaliser qui sont ses « clients » ou ses « fournisseurs » d’autant qu’une IES intervient sur le champ de la formation, de la recherche, du développement local voire du développement national.

Le tableau ci-dessous permet d’identifier les parties prenantes classiquement rencontrées d’une IES

Acteurs de la formation initiale et continue Ministère de tutelle ; Université de tutelle ; Salariés ; Syndicats de salariés ; Etudiants ; Représentants d’entreprises ; Acteurs économiques ; Organismes d’orientation académique et professionnel ; Entreprises clientes ; Stagiaires de formation continue ; Communautés d’apprenants ;
Acteurs de la recherche fondamentale et appliquée Ministère de tutelle ; Universités de tutelle ; Ecoles Doctorales ; Salariés ; Syndicats de salariés ; Opérateurs de recherche ; Opérateurs de recherche ; Ministère en charge de l’innovation, de l’emploi, les entreprises, du secteur de formation/recherche
Acteurs du développement Ministères en charge de l’entrepreneuriat, des TPE, PME, PMI, du secteur rural, de la formation professionnelle, de l’innovation, de l’emploi ; Organismes d’aide à l’emploi ; Syndicats d’entreprises ; Branches professionnelles ; Chambres de commerce et d’industries ; ONG spécialisées
Acteurs internationaux Commission Internationale ou Régionale du secteur ; Organisme international de contrôle /régulation
Acteurs du territoire Communes où sont installées les implantations de l’IES ; Population voisine des implantations ; Acteur public ou privé de bien locatif (œuvres universitaires, gestionnaire public ou privé de parc immobilier) ; Acteurs public ou privé de restauration ; Acteurs public ou privé de société de transport

Les clients/bénéficiaires d’une Institution d’Enseignement Supérieur

Le terme « client » est souvent associé à une valeur marchande et peut susciter un certain rejet dans le monde académique. Le terme « bénéficiaire », moins connoté, peut être utilisé plus aisément. Cependant, quel est le statut de l’étudiant ou du diplômé ? Est-il «client/bénéficiaire » ou bien «produit » ? Nous considérons qu’il est à la fois «bénéficiaire » des actions de formation et de recherche et à la fois «produit » sur le marché du monde scientifique et économique. Les «clients/bénéficiaires » pourraient donc être les suivants :

  • Étudiants : tout apprenant (bachelier, licencié, doctorant, fonctionnaire, salarié, demandeur d’emploi, particulier)
  • Clients des produits de formation : Employeurs public et privés (formation diplômante initiale et continue, dont stages) ; Entreprises du secteur de l’IES (TPE, PME, PMI, administration, ONG); Acteurs de l’emploi ; Tutelles ; Ministères concernés ; Collectivités et organisations locales (Commune, Communautés villageoises) ; Partenaires techniques et financiers ; Bailleurs de fonds
  • Clients des produits de recherche : Entreprises du secteur de l’IES (TPE, PME, PMI, administration, ONG, organisation locale, groupement d’intérêts); Laboratoires ; Acteurs de l’innovation ; Tutelles ; Ministères concernés ; Partenaires techniques et financiers ; Bailleurs de fonds
  • Clients de productions de l’IES (secteur agricole par exemple) : Producteurs/éleveurs ; Groupement d’intérêts du secteur ; Chambres de commerces ; Acteurs de l’emploi ; Ministères concernés ; Partenaires techniques et financiers ; Bailleurs de fonds

Plan stratégique et projet d’établissement – 1 – Introduction

Pourquoi un plan stratégique ou projet d’établissement ?

De plus en plus, les universités, instituts, grandes écoles, écoles d’ingénieur, organismes de formation professionnelles sont invités à présenter un plan stratégique ou un projet d’établissement. Sollicité par les tutelles, les collectivités ou les partenaires techniques et financiers, l’établissement doit montrer sa projection dans l’avenir et justifier de la cohérence de ses actions au regard de sa politique et de ses moyens.

Dans un contexte concurrentiel, d’autonomie croissante de gestion avec des contraintes sur les moyens financiers, humains et matériels, ces institutions de formation doivent prendre le temps de la réflexion sur elles-mêmes pour effectuer des choix assez nouveaux pour elles et à fort impacts.

Quelle méthode ? Quels outils ?

D’un côté, la littérature et les informations disponibles sur Internet regorgent d’outils de stratégie tous aussi pertinents les uns que les autres, plus ou moins décrits dans un contexte d’entreprises privées, sans pour autant que soit précisé dans quel ordre ils doivent être utilisés ni pourquoi.

D’un autre côté, les rares ateliers sur le sujet que j’avais pu observer, auxquels j’avais participé, voire même que j’avais animés auparavant, invitaient généralement à remplir une matrice SWOT ou à l’interpréter, sans forcément le nécessaire travail d’analyse préalable ni même parfois de consignes sur l’ordre et la manière de la remplir.

Né du constat d’absence de document expliquant les étapes et outils permettant l’élaboration d’un plan stratégique ou d’un projet d’établissement alors que j’étais sollicité pour accompagner des établissements d’enseignement supérieur dans une telle démarche, j’ai élaboré un petit ouvrage résumant les approches que j’ai pu mettre en oeuvre. Les étapes que je propose, assez classiques, sont les suivantes :

Mais une fois ces étapes posées dans le « bon ordre », se posent  d’autres questions ?

  • A quoi correspondent les concepts de valeurs, de domaines d’activités stratégiques ?
  • Qui sont les « clients », les « parties prenantes » ou les « fournisseurs » d’une université ? Quels sont les « produits » d’une école d’ingénieur ?
  • A quoi correspond la fonction « production », « recherche et développement », « marketing » ou encore « commerce » d’une institution d’enseignement supérieur ?

Ces questions peuvent apparaître étranges, voire déstabilisantes, dans un contexte universitaire et de formation professionnelle. Elles n’en restent pas moins nécessaires.

J’essaierai sur ce blog de donner des pistes pour y répondre, notamment avec des exemples contextualisés à notre domaine.

Aller plus loin ?

Sinon, plus de réponse à la lecture de ce mini-guide :

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